Intervention de Philippe THOMAS - 8 mars 2009 - Corlay

Date : lundi 09 mars 2009 @ 19:45:59 :: Sujet : Entraînements

Marie Christine participait au stage encadré par Philippe THOMAS à Corlay ce dimanche 8 mars 2009. Elle a la gentillesse de retranscrire ici ses notes et de les partager.


Préparation et entraînement du cheval d'endurance

A) Choix du cheval

Privilégier les aptitudes naturelles. Sélectionner le cheval sur sa locomotion, c'est-à-dire sa capacité à se déplacer naturellement (fluidité, vitesse). Contrôler les aplombs (pas trop panard ni cagneux). La taille n'intervient pas. Un cardiaque élevé au repos n'est pas rédhibitoire, préférer un cheval dont la récupération est de bonne qualité (cheval frais, vif, qui cherche à s'alimenter une fois ramené au van) à un cheval dont la récupération est plus rapide mais qui présente des signes de fatigue.
La sélection des chevaux s'effectue sur les premières années
Débourrage entre 4 et 5 ans. Premières courses en 20, 40, 60 km à 12 ou 13 km/h, 15km/h si le terrain le permet.
6 ans : 40, 60 km + 2 90 km. Jamais dans la vitesse. À cette période, le tri s'opère entre les chevaux qui sont ou ne sont pas limités par la vitesse.
7 ans : Certains chevaux précoces peuvent aborder une 120 km. Sortir les autres sur 90 km.
8 ans : À ce stade, les chevaux peuvent être sortis en demandant de la vitesse.
Les chevaux choisis par Philippe Thomas sont issus de purs-sangs arabes sélectionnés pour leurs origines et de purs-sangs arabes sortis du circuit des courses de plat (après un an d'entraînement ou une saison de course) et qui ne tiennent pas les exigences de vitesse.
 

B) Entraînement 

o Rythme : Il est possible de proposer une alternance entre un jour de travail et un jour de repos.
Chez Philippe Thomas, l'entraînement varie avec l'âge et la condition du cheval auquel il convient toujours de s'adapter.
5 ans : Deux jours de travail par semaine. Pas de surentraînement. Les sorties n'excèdent pas 15 km parcourus en 2 h minimum (jusqu'à 4h30). Les petites courses servent d'entraînement physique et psychologique (initiation du cheval avec l'environnement des épreuves d'endurance).
6 ans : Trois jours de travail consécutifs, un jour de repos. Le travail demandé est long et lent plutôt que court et rapide (pas de sortie éclair). Le jour de repos (pour les chevaux en boxes), le cheval est sorti au marcheur, au pas. Pas de marcheur au trot qui sollicite trop les articulations et peut provoquer des lésions qui ne se révèleront que le jour de l'épreuve.

Après une longue phase de repos (par exemple suite à une 120 km ou à la reprise de la nouvelle saison de course) commencer l'entraînement par de petites boucles, lentes, peu dénivelées.
Compter 3 mois de repos pour récupérer d'une nationale (120 km). Ne pas engager un cheval sur plus de 3 nationales par an.

Économiser le cheval à l'entraînement. 

Déroulement : Trois mois avant une Nationale :

Sortir le cheval pendant 3 semaines sur de petites distances, à vitesse lente (13 km/h).
Sur le temps qui reste avant la course, demander une ou plusieurs 60 km à vitesse lente (13 km/h), puis une ou plusieurs 60 km à 16 ou 17 km/h, puis une 90 km en réclamant de la vitesse uniquement lorsque le terrain est plat et herbeux, rester au pas en descente ou sur un sol dur ou irrégulier (cailloux, boue). Protéger les membres du cheval. Une séance de galop n'est pas indispensable.
Ne rechercher la vitesse que sur un bon terrain sur lequel le cheval sera équilibré, c'est-à-dire en montée (sprint à 20 - 22 km/h sur raidillon) plutôt que sur un long terrain plat où l'on privilégiera la régularité de l'allure et la décontraction.
 
Ne pas laisser le cheval allonger au trot car sa morphologie s'organise alors d'une telle manière qu'elle défavorise ultérieurement le galop lent. Au trot, ne pas dépasser un rythme de 92 battues par minute
Ne pas diminuer le travail avant la compétition.

L'endurance est une discipline où le dressage s'exerce à contre-courant de ce que l'on cherche à développer chez le cheval : un équilibre et une décontraction dans la durée. On ne cherche pas à améliorer le cheval (remonter le dos, rassembler), mais à s'adapter à ses aptitudes naturelles afin de ne pas le gêner. Ex : ne pas demander le galop alternativement à gauche ou à droite pour rechercher un développement harmonieux, le cheval doit pouvoir choisir l'allure qui lui est le plus confortable pour tenir sur une longue période. Ne pas contrarier les allures du cheval.
 
Préparation matérielle
 
o Ferrure : Conserver une ferrure similaire à celle de l'entraînement pendant la course. L'emploi de fers en aluminium (plus légers) le jour de la course peut amener le cheval à modifier sa foulée, donc à contrarier son organisation musculaire, et provoquer une boîterie. L'usage de plaques est à étudier selon le terrain.
 
o Alimentation : Nourrir le cheval 2 fois par jour avec un aliment floconné et du foin. Rations en fonction de la morphologie du cheval. Diminuer les rations la veille de la course. Diète (sauf foin) immédiatement après la course. Augmenter les rations les jours suivant la course.
 
o Soins post-course : Bandes de repos sur coton sec. Eau blanche si présence de mollettes importantes.

C) Cas particuliers

Chevaux « émotifs »
Faire travailler en binôme avec un cheval calme et ne jamais faire travailler dans la vitesse. Ne demander la vitesse que lorsque le cheval est isolé (pas pour suivre ou rattraper un groupe de chevaux). Toujours rechercher la décontraction.
Chevaux qui calent à 110 km.
Plutôt lié à une souffrance qu'à une fringale (ex : souffrance musculaire, articulaire, ovarienne, mentale).

D) Gestion de course d'une 120 km

Tout dépend du cheval. La première boucle est déterminante. Toujours rechercher le calme, quitte à distancer les autres chevaux au départ.
À l'entraînement, forcer sur les côtes (selon la capacité du cheval) et ralentir dans les descentes (pas). En course, inverser, afin de ménager le cheval dans les montées, quitte à faire 20 ou 30 m au pas en sortie de côte, et à gagner du terrain dans les descentes si le cheval sait conserver son équilibre (et le cavalier aussi).
 
E) Considérations générales
 
Préférer le stéthoscope au cardio-fréquencemètre. Le stéthoscope renseigne sur la régularité du cœur et de la récupération.
Les allures importent plus que les aplombs.
On juge l'état du cheval à ce qu'il montre (préférer un cheval un peu énergique, même avec un cardiaque élevé, à un cheval froid).
L'endurance impose de s'adapter à l'état du cheval.
L'ostéopathie est une question de « foi », mais il importe d'y avoir recours avant l'apparition de troubles (prévention) et non à titre de remède (soin).
 
Notes relevées par Marie Christine Roué à l'occasion de l'Intervention de
 Philippe THOMAS, Expert fédéral
Corlay, le 8 mars 2009



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