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Fraudes commerciales. - Les fraudes commerciales, qui ont été maintes fois signalées aux autorités compétentes, nécessitent la complicité d'un ou deux compères. La plus usitée est celle du surenchérisseur inopiné, mais simulant la plus parfaite discrétion. Une autre fraude est celle de la vente, partie comptant, partie en billets. L'acheteur, une fois le prix accepté, déclare, par exemple, qu'il ne peut payer que 300 francs comptant sur 500, prix d'achat. Qu'à cela ne tienne, lui dira le maquignon, je vous ferai crédit ; allons toujours signer le certificat de garantie. Et, devant une fine bouteille celui-ci rédige le papier. Nous sommes d'accord, n'est-ce pas, dit-il : 300 francs comptant, le reste en billets. Vous n'avez qu'à signer. - Parfait ! répond l'acheteur. Et l'on signe, sans lire, sans voir que le matois a écrit 300 francs comptant et le reste à la livraison. Une autre fois, il offrira au client deux chevaux pour 1200 francs. C'est une affaire unique, mais il ne peut pas vendre les deux bêtes séparément. Comme une seule suffit au client, il se dispose à voir ailleurs, lorsque intervient le compère : Achetez les deux, dit-il au client; je vous reprends pour 700 francs celle que vous laissez. Je ne veux pas traiter avec le maquignon, parce que je suis brouillé avec lui ; mais voici toujours 300 francs. Nous règlerons tout à l'heure. Le client remet 1200 francs au maquignon ; le compère s'empare du cheval pour lequel il a versé 300 francs et tous deux disparaissent laissant à l'acheteur une seule bête qui lui a coûté 900 francs. Un autre veut-il se défaire d'une rosse, le compère sans surface, sans domicile, cèdera la bête avec tous les certificats, tous les papiers que client désirera. Vous payez, le vendeur disparaît après avoir, naturellement donné une fausse adresse. Comment on peut déjouer le maquillage. - Les ruses des maquignon étant connues, il est généralement assez facile de les déjouer. Laissez le marchand parler à son aise et demandez à voir le cheval hors de l'écurie, sur un terrain plat. Faites-en tout d'abord le tour, à cinq ou six pas, pour bien juger de sa conformation et de sa ligne; approchez de la bête, donnez-lui une caresse sur l'encolure pour la mettre en confiance. Défiez-vous des marques de vésicatoires qui ont enlevé les poils sous le ventre ou au passage des sangles. C'est très laid, c'est une cause de blessures et c'est généralement la preuve que le cheval a été traité pour une affection de poitrine. Lissez les canons et veillez attentivement à la pureté du genou, qui doit être large et plat. Ne prenez jamais un cheval couronné. Un cheval couronné a de mauvaises jambes et tombera de plus en plus souvent. Les maquignons déguisent la cicatrice soit en teignant le poil, qui est généralement court et rude, soit en collant à la place une touffe postiche. Grattez le genou. Ne craignez pas de vous baisser pour comparer la grosseur des jarrets. Massez, pour mieux déjouer les supercheries du petit maillet. Faites surtout bien attention à la couronne, siège de la redoutable forme. Toute cicatrice doit vous paraître suspecte. Les traces de feu sur les tendons sont moins dangereuses, mais gare aux traces de feu sur le boulet? Soulevez le pied, grattez-en la corne et frappez sur les talons avec... corps dur. Ouvrez la bouche en introduisant deux doigts sous les barres, à la commissure, et en retirant la langue. De cette façon vous pouvez examiner les dents à loisir. Si les dents ont été brûlées, les trous du cautère, tous semblables, vous apparaîtront plus ronds et beaucoup plus durs que les trous naturels. Regardez aussi les dents de la mâchoire supérieure on les truque rarement. Faites attention à la netteté des barres et à leur sensibilité. Tâtez aussi les oreilles. Si elles ont été touchées, le cheval vous les laissera difficilement atteindre ; appuyez le doigt sur les poches des arcades sourcilières et voyez l'épaisseur des rides de l'oeil. |
Assurez-vous de la netteté de la veine jugulaire. Toutes les parties de l'oeil doivent être saines et l'intérieur des paupières d'une belle teinte rosée et fraîche. Passez vivement la main ouverte très près des cils ; si le cheval ne paraît pas effrayé, c'est que la vue est mauvaise, cause de rétivité. Examinez aussi l'action de l'iris dans l'obscurité et dans le plein jour, car n'oubliez pas que l'intégrité des yeux, chez le cheval, est une des premières conditions de sa valeur. Le cheval qui est ombrageux est presque toujours presbyte. L'encolure, étant le balancier naturel de l'avant-main, sera longue, la crinière souple, brillante et lourde. La tête sera fine aux naseaux, sans cicatrice, indice de l'usage du tord-nez appliqué à la forge ; le front plat et large. A votre approche, le cheval tiendra ses oreilles droites et vous regardera avec douceur. La poitrine sera large ou profonde, le flanc court, le ventre modérément développé. Le flanc creux indique un tempérament lymphatique, le flanc retroussé prouve les mauvaises digestions. Le dos sera court, souple et fera une seule et même ligne avec le rein. Le rein sera flexible au pinçon. Pincez aussi la peau des côtes et de la croupe. Si l'animal essaye de mordre, c'est qu'on lui a frotté l'épiderme avec du verre, pour le rendre vigoureux en apparence. S'il a été dopé, votre cheval se roulera dans son crottin. Défiez-vous de la queue qui frétille trop : il y a du gingembre la dessous. Rien ne vous prouve, par contre, qu'un cheval indolent n'est pas un vicieux endormi à l'opium. Pour dissimuler la faiblesse des membres antérieurs, le marchand le place sur un trottoir surélevé et le campe; si cela ne suffit pas à éviter le tremblotement des genoux, il le tient à bout de longe, le fascine du regard, et, par de légères saccades, l'oblige à se raidir. Observez attentivement son flanc et pincez-lui le rein. Il ne doit fléchir que très légèrement. Faites-lui prendre le trot sur le pavé, et vérifiez ses aplombs. Il ne doit ni trop lever les pieds, ni raser le tapis. Si vous voulez une bête de selle, sellez-la et montez-la vous même sur un sol meuble et sur le pavé. Si vous la destinez à la voiture, faites atteler sous vos yeux, par votre propre cocher, si vous pouvez. Observez son démarrage, qui doit être franc et non brutal. Conduisez-vous même aux deux allures et aux tournants. Si vous achetez un attelage, essayez tout d'abord chaque cheval séparément, puis faites-les atteler paire et promenez-vous dans les rues bruyantes et fréquentées. En résumé, lorsque le cheval sort de l'écurie de votre marchand, défiez-vous de la "mise en scène" autant que du zèle ahurissant des employés. Si vous pouvez, prenez à l'essai et, en tout cas, faites-vous assister, soit par un vétérinaire, soit par un connaisseur. Faites-vous garantir sur le contrat contre le défaut que vous redoutez. Ne tenez aucun compte de la garantie dite "de tous vices rédhibitoires" elle est obligatoire. Les maquignons exercent moins ,souvent leurs talents sur les bovidés. Néanmoins ils font les poils des bêtes hirsutes, les tondent parfois sur le dos pour faire paraître ce dernier plus large, ou sur le périnée pour modifier la forme et la surface de l'écusson. Ils flambent les poils grossiers du pis ; après avoir mouillé le poil des flancs, ils le rebroussent avec l'éponge pour faire paraître le corps plus épais et la côte plus ronde; ils administrent de la liqueur de Fowler pour faire paraître le poil plus brillant. Ils arrachent les dents de lait pour vieillir la bête ou faire croire à sa précocité. Ils rabotent et liment les cornes quand elles sont trop longues, font disparaître les sillons de la base qui. marquent l'âge. La veille d'une foire ou de la visite d'un acheteur, la vache n'est pas traite pour augmenter le volume du pis et faire croire qu'il s'agit d'une excellente laitière. Parfois, ils vont jusqu'à simuler les marques d'un vêlage récent par l'irritation de la vulve et de la mamelle, etc. |
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Source : Dictionnaire Larousse Agricole �dition de 1922